La force de l’apprentissage et de l’évaluation

Lors de notre dernier « Customer experience event », nous avons eu la chance d’accueillir comme orateur le professeur et docteur Wouter Duyck, psychologue cognitif. Ce dernier a véritablement régalé l’assistance avec un exposé très éclairant sur « la force de l’apprentissage et de l’évaluation ». Après l’avoir écouté attentivement, nous avons pris note de 5 grandes conclusions.

1. Les aptitudes cognitives sont sous pression

Le Professeur Duyck est entré immédiatement dans le vif du sujet avec un message pas forcément optimiste. La recherche internationale montre en effet que les aptitudes cognitives des jeunes – les travailleurs et entrepreneurs de demain – ont systématiquement régressé ces 20 dernières années dans de nombreux pays occidentaux. Cette baisse est générale puisqu’elle concerne à la fois l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire et chaque domaine de connaissance (lecture, calcul, étude du milieu, économie, informatique, etc.). Bref : l’avenir de notre société de la connaissance est sous pression.

2. Connaissance = prospérité

La connaissance ne peut en outre pas être considérée de manière isolée. Elle constitue ainsi par exemple l’indicateur le plus important de la future prospérité économique d’une communauté. On peut aussi établir un lien clair avec des domaines sociaux plus « soft », comme la qualité des services sociaux, le comportement social, l’esprit d’entreprise et la citoyenneté. En d’autres termes, le niveau général de connaissance d’une société se traduit toujours par un niveau général plus élevé de prospérité et de bien-être.

3. « Étude – étude » vs « Étude – test »

Quel rôle joue l’évaluation dans ce contexte ? L’évaluation a un effet d’apprentissage avéré. Plusieurs études scientifiques ont ainsi démontré que les élèves et les travailleurs apprenaient non seulement pendant une formation, mais aussi lorsqu’ils passaient une évaluation ou un examen. On peut ainsi citer une expérience bien connue au cours de laquelle on répartit un groupe de participants en deux sous-groupes :

• Le groupe 1: étudie un texte deux fois de suite (« Étude – étude »)
• Le groupe 2: étudie un texte une seule fois et passe ensuite une évaluation (« Étude – test »)

Les résultats sont marquants. Si directement après l’étude (après 5 minutes), le groupe 1 obtient encore une meilleure note à un test de connaissance sur le texte étudié, le groupe 2 est sensiblement meilleur à plus long terme (après 2 jours, après une semaine). Les connaissances acquises sont donc mieux consolidées et plus longtemps par « l’étude – test » que par « l’étude étude ». On parle, en psychologie, de « l’effet de test ».

4. Le « transversal » fonctionne mieux

Une autre étude nous apprend qu’il est bon de « tester de manière transversale ». Dans bon nombre d’écoles et d’entreprises, on constate que les modules d’apprentissage sont enseignés de manière séquentielle, avec une évaluation après chaque module. Cette méthode se révèle toutefois moins efficace que lorsque plusieurs modules sont évalués simultanément via un test « transversal » au travers des divers modules. Autrement dit : l’évaluation permet d’apprendre, et ce d’autant plus via un test portant sur plusieurs modules.

5. Les acquis d’apprentissage occupent une place centrale

L’évaluation et le suivi systématiques génèrent donc des acquis d’apprentissage démontrables, tant dans l’enseignement que dans le monde de l’entreprise. La mesure et le suivi de ces acquis d’apprentissage doivent se faire en évaluant à plusieurs reprises et en comparant les notes avant/après pour ainsi cerner l’évolution des élèves, étudiants et travailleurs. On trouve un bel exemple de cette méthode dans les « Tests flamands » centralisés qui seront introduits dans l’enseignement flamand dès la prochaine rentrée scolaire. Mais pour les entreprises, la mesure systématique des acquis d’apprentissage est aussi absolument pertinente pour maintenir ou augmenter le niveau de connaissance des collaborateurs, conclut le Professeur Duyck.